Entrepreneuriat Responsable - Récap de notre Underground Session x Made & More

21 Nov 2017

Après des décennies à prêter peu d’attention à l’impact environnemental et aux conditions de fabrication des produits que nous consommons, les consciences se réveillent et de nouveaux business models responsables voient le jour. Nous leur avons consacré une Underground Session, en invitant un panel d’entrepreneurs qui réussissent à concilier écologie, responsabilité sociale et économie de marché.

Organisé en collaboration avec la marque liégeoise de mode éthique Made & More, cet apéro-débat s’est déroulé au pop-up de la marque dans le Marais, dans une boutique Appear Here.
Sa fondatrice, Stéphanie Fellen a interrogé les entrepreneurs suivants qui ont, eux aussi, fondé ou co-fondé des marques éthiques.

De gauche à droite, les fondateurs de Les Récupérables, Merci Raymond, Made & More, Ethipop et Nuoo.
De gauche à droite, les fondateurs de Les Récupérables, Merci Raymond, Made & More, Ethipop et Nuoo.

Laura Brown d’Ethipop, le premier collectif français de créateurs de mode responsable ; Anaïs Dautais Warmel de la marque Les Récupérables qui recycle les tissus pour les revaloriser dans ses collections ; Hugo Meunier, à la fois co-fondateur du collectif de végétalisation urbaine Merci Raymond et de l’agence de communication Raymonde qui souhaite ré-humaniser les marques ; et Julie Richard qui, après un parcours dans l’agronomie, a lancé NUOO, une box beauté et un e-shop dédiés exclusivement aux cosmétiques naturels et bio.

La révolution verte et éthique

On entend beaucoup parler de consommation responsable mais qu’est-ce que cela implique ? Qu’est-ce qu’une marque engagée et comment cela se traduit-il dans les démarches de l’entreprise ? Pour Julie, c’est d’abord lié à un principe que l’on souhaite partager et qui va être le fil directeur d’un projet. Chez NUOO, cela se traduit par une charte drastique qui guide la sélection des marques et permet de contrôler aussi bien la naturalité des ingrédients que le respect du travail des Hommes et de l’environnement. L’objectif étant de ne jamais se détourner des valeurs sur lesquelles l’entreprise s’est construite. Pour Laura, un entrepreneur responsable doit placer l’Homme, l’environnement et la société au cœur de ses prises de décisions. Quel que soit le type du projet ou le secteur d’activité, les démarches doivent être motivées par une conscience écologique et sociale.

Laura Brown fodatrice d'Ethipo discute avec un homme devant un panneau slow living.

L’engouement du public pour ce type de business models joue un rôle majeur dans le développement des nouvelles marques. Anaïs des Récupérables remarque que de plus en plus de personnes s’interrogent sur la provenance des matières premières des produits. Les médias relaient l’information à grande échelle. Même son de cloche chez Julie qui note que, grâce aux études d’associations de consommateurs, les clientes cherchent à changer leurs habitudes pour acheter en connaissance de cause.

Laura, avec son passé de manager des ventes au Printemps Haussmann, a pu observer aux premières loges les business models vieillissants qui étaient en place. Aujourd’hui, les marques sont de plus en plus nombreuses à changer de cap et à s’inscrire dans des démarches éco-responsables. C’est un processus long qui demande de la transparence et beaucoup d’investissement personnel. Avec Ethipop, elle met son expertise et son savoir-faire au profit de marques comme Les Récupérables, et les aide à développer des collaborations avec différents partenaires.

Laura Brown d'Ehipop, Julie Richard de Nuoo et Anaïs Dautais Warmel de Les Récupérables discutent dans le pop-up store de Made & More.

Après plusieurs années passées au Conseil National du Numérique, Hugo de Merci Raymond a réalisé qu’au delà de la révolution digitale une révolution environnementale émergeait, où beaucoup restait à faire.
À partir d’une collection de vêtements militants, il a pu lancer un mouvement de végétalisation, afin de redonner une place au végétal en milieu urbain, avec au total plus de 5 000 m2 d’espaces végétalisés.

*Affirmer et partager ses valeurs *

Dans un monde où les apparences sont prédominantes, le challenge pour les entrepreneurs est de concilier le beau et l’éthique, comme le fait Hugo en essayant de rendre le jardinage « glamour ». En ce sens, les réseaux sociaux sont de précieux outils pour l’entrepreneur responsable. Ils lui permettent de promouvoir ses initiatives et de toucher une communauté qui partage les mêmes valeurs.
Julie de Nuoo confirme leur importance dans les secteurs de la beauté et de la mode. Grâce à eux, elle communique avec ses clientes et leur donne des conseils. Ces dernières sont réactives et donnent un retour en direct sur les produits, ce qui permet de faire évoluer l’offre de la marque.

Laura Brown d'Ethipop et Julie Richard, discutant et souriant devant le public à une Underground Session Appear Here

Laura reconnait que l’entourage peut être un soutien et que l’écosystème entrepreneurial est bienveillant, mais elle met tout de même l’accent sur l’importance de la confiance en soi. Arguments appuyés par Anaïs qui ajoutera qu’il ne faut pas avoir peur d’avancer contre vents et marées. Il faut apprendre au travers des épreuves et que celles-ci viennent nourrir le projet.

La rentabilité du business responsable

Il n’est pas toujours évident de faire des business plans à 5 ans et l’apprentissage par l’expérience est probablement la meilleure école des entrepreneurs. Comme le mentionne Laura, il faut bien faire la part des choses entre un business model portant sur les services et un portant sur les produits. Les charges fixes ne sont évidemment pas les mêmes et la rentabilité s’obtient souvent plus rapidement dans le premier cas.

L’allocation des ressources et la stratégie de démarrage sont des étapes déterminantes pour ne pas faire exploser son budget. Mieux vaut se concentrer sur un produit et analyser ses résultats petit à petit que de lancer plusieurs produits en même temps en dépensant beaucoup d’un coup. Dans cette stratégie de minimisation du risque, le crowdfunding est un atout majeur qui permet de réduire les stocks tout en développant sa communauté.

Anaïs Dautais Warmel de Les Récupérables en train de parler avec un micro

Selon Anaïs, il faut « conscientiser » l’achat. En créant une expérience client unique, il faut chercher à ce que le client se sente investi dans le projet. C’est aussi une façon de justifier les coûts des produits vendus, qui correspondent à ceux du lancement de toute entreprise responsable, souvent plus hauts que pour une entreprise classique.
Hugo relativise ses premières années de galère, rappelant qu’on ne gagne pas de l’argent tout de suite mais que l’entreprenariat responsable peut aussi rapporter gros.

Vous avez peut-être un projet éthique et responsable, vous aussi. Nous pouvons vous aider à franchir le pas. Pour en savoir plus, écoutez l’intégralité de notre Underground Session ici.

Public rigolant dans une boutique éphémère à Paris.